mercredi 27 janvier 2010

COLLOQUE > 2, 3 et 4 DECEMBRE 2010 / SAINT BRISSON (58)

> LIRE JEAN GENET :
devoir entendre les voies de l’abjection. Délinquance et homoérotisme



Il s’agirait d’interroger les enjeux d’une lecture contemporaine de l’œuvre de Jean Genet, dans une double perspective linguistique et politique. D’un coté, l’écriture de l’abjection, en particulier d’un certain l’homoérotisme, utilise et réinvestit la langue française académique et canonique, afin de faire entendre la voix de ceux dont la représentation est normalement exclue de la grande culture autant que de l’organisation sociale. La lecture de Jean Genet participe donc au travail d’écoute et de prise en compte des vies exclues et rendues socialement et
culturellement invisibles et inaudibles. Elle est l’occasion d’un questionnement sur les normes de reconnaissance et de représentation des identités délinquantes.
En ce double sens, l’œuvre de Jean Genet pose la question très actuelle des conditions d’existence des vies non reconnues. Sa lecture s’inscrit dans la continuité de l’exigence posée par Michel Foucault, avec qui Jean Genet participa à la lutte contre le système carcéral disciplinaire, selon laquelle il faut écouter les voix de ceux dont la parole est inaudible. Jean Genet propose une inscription de ces voix qui peuvent êtres alors entendus. En ce sens, la lecture de son œuvre n’est pas sans intérêt pour une théorie et une politique des minorités qui, dans le sillage de la théorie queer, s’intéresse à la subversion de l’usage normal de la langue elle-même en la forçant à dire ce qu’elle ne dit pas dans son usage normal (Judith Butler). La lecture de Jean Genet, qui a écrit pour sortir de prison, peut ainsi être l’exemple d’une stratégie de sortie de ce qu’Eve Segdwik a appelé le placard.
Dans cette perspective, il s’agira dans ce colloque de s’interroger sur les stratégies par lesquelles Jean Genet représente la délinquance et un certain homoérotisme perçu comme délinquance, sur la manière dont il force la culture à entendre les voix des exclus et sur la (re)lecture actuelle de cette œuvre.

Lieu : Maison du Parc du Morvan / Auditorium / Saint Brisson (58)
Organisation : Agence Culturelle du Parc du Morvan / Université Paris 8è / Coalition Cyborg (Nathanaël Wadbled et Lucile Haute) / nathanael_3009@yahoo.fr

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