mercredi 20 janvier 2010

CONFERENCE > DIM 21 MARS 2010 / ALLIGNY EN MORVAN (58) / 15H00

> Faire entendre ce que personne ne veut entendre. 
Jean Genet et la subversion de la langue de Ronsard. Par Nathanaël WADBLED

Pour représenter explicitement l’abjection délinquante ou sexuelle, Jean Genet utilise le beau français institué du pouvoir et de l’autorité qu’il découvrit avec la lecture de Ronsard. Si cette utilisation a pu être perçue comme une intériorisation des valeurs homophobes environnantes, il semble au contraire qu’il puisse s’agir d’une agression radicale de la culture. Interpellée dans sa langue, elle ne pourrait pas reléguer l’abjection ainsi décrite dans l’étrangeté. Elle serait obligée de l’entendre, sans plus pouvoir faire semblant de ne pas reconnaître ce qui est normalement exclu.
Plutôt que de s’opposer à la normativité dominante en développant une nouvelle langue qu’elle pourra mépriser ou reléguer dans un ghetto, Jean Genet propose le modèle d’une stratégie de réappropriation de l’usage de la langue normale et normative pour lui faire dire ce que surtout elle ne voudrait pas dire dans son usage normal. Utiliser cette langue, ce n’est donc pas se plier aux règles de l’ennemi, mais les reprendre pour les subvertir. Cette tentative pour se faire entendre hors de sa prison n’est peut-être pas si éloignée de celle qui permettrait aujourd’hui aux membres des minorités, qu’elles soient sexuelles, ethniques, sociales ou coloniales, de faire leur coming out et d’affirmer leur existence.


Nathanaël Wadbled  est doctorant en philosophie esthétique et politique à l’université Paris 8 Vincennes-à-Saint-Denis, et associé au Centre d’Étude Féminine et d’Étude de Genre dans le cadre duquel il co-organise un séminaire sur les représentations et les médiations du corps. Son travail porte sur les conditions de représentation et de reconnaissance. À côté d’une thèse sur l’écriture de l’histoire comme récit performatif de l’identité de la communauté, il travaille sur les identités sexuelles et coloniales. Il s’agit d’une tentative de déconstructions des évidences sociales et culturelles normatives qui font que les individus portant les marques de ces identités sont considérés, et souvent se considèrent eux-mêmes, comme inférieurs ou subalternes.

Lieu : Salle des Fêtes / ALLIGNY EN MORVAN
Tél : 03 86 76 10 97
Organisation : Les Accros de la Lecture / Tél : 03 86 76 10 97

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